SOLSTICE D’HIVER 2022

#21

UNE MISE SUR ORBITE

CITÉ DU VITRAIL

Troyes, FRANCE

8’18’’ Concepteurs lumière de l’équipe

MAÎTRISE D’OUVRAGE
Département de l’Aube

SCÉNOGRAPHE – PHASE ÉTUDES
GSM Project

SCÉNOGRAPHE – PHASE CHANTIER
Marion Golmard

© 8’18’’

C’est au travers d’une échelle de regard peu commune que la Cité du Vitrail donne au visiteur l’opportunité de porter son attention sur des vitraux uniques, du Moyen-Âge à nos jours. Un accueil coloré, lumineux et frontal vous attend.

Les vitraux se tiennent « debout » sur de grands socles étudiés pour être vus à distance parfaite. Le visiteur peut toutefois s’en approcher, tourner autour et amorcer sa promenade, saisi par des éclats colorés disséminés dans l’espace.

Car il s’agit bel et bien d’une promenade sensible. Il faut déambuler au milieu des vitraux pour en apprécier l’échelle, la composition, les couleurs. Une déambulation dans le temps et la couleur. Entre fragilité et immensité, des feuilles de lumière viennent s’adosser aux vitraux pour en révéler toutes leurs nuances et finesses, tant dans la narration qu’ils dévoilent que dans l’exécution même de l’œuvre. Rester fidèle aux gestes de l’artisan-artiste, rester fidèle à la beauté de chaque vitrail.

Pour répondre à cet enjeu, il nous a fallu disparaître et s’adosser subtilement à l’œuvre. La technologie en lumisheet tunable white – outre le faible encombrement qu’elle présente – a permis d’ajuster, vitrail par vitrail, la teinte de lumière restituant la pureté de la couleur portée par l’œuvre.


UN MOT DE LUMIÈRE

ALAIN VINUM

Consultant – Maître verrier

En art et en architecture, la lumière, qu´elle soit naturelle ou artificielle, joue un rôle cardinal de metteur en scène, en jouant sur les nuances, les effets, les reflets et, de là, sur toute une gamme d’émotions. Cette connaissance est aujourd’hui savamment exploitée et a donné naissance à un nouveau savoir-faire, celui de concepteur lumière, dont la science est une mise en valeur et une lecture plus riche entre autres d’objets du patrimoine culturel.

« La lumière donne à voir et encore plus à penser. » Henri Alekan

Mais entre œil et pensée, entre vue et réflexion, il y a le frisson, première expression esthétique devant le beau, le sublime. Tout comme dans un édifice tel qu’une cathédrale. Entre la lumière extérieure et le contemplateur, il y a le vitrail qui la capture, la traduit, la métamorphose en message spirituel transcendant, en lumière intérieure. Nul ne l’exprime mieux que la citation de Vitellion, moine de Silésie de la fin du XIIIème siècle :

« Le vitrail est le médium qui transforme la lumière physique en lumière divine. » Vitellion

C’est pourquoi l’inflexion et la réflexion des rayons du soleil sur le vitrail font l’objet d’une étude approfondie et minutieuse, incontournable pour qui veut exploiter et magnifier la dramaturgie architecturale et artistique d’un lieu. C’est la mission même du concepteur lumière.

Selon intensité, l’inclinaison, la modulation et la mouvance de la lumière au gré des heures de la journée et des saisons, la scénographie change et évolue, s’intensifie, devient aérienne, voire subtile dans sa quintessence.

Dans un édifice religieux, on rencontre partout des oculi. De par son orientation, l’oculus capte la lumière et est susceptible, en dialogue avec le soleil à certains moments de la journée, de réfléchir l’œuvre de l’artiste au sol : c’est alors l’instant éphémère, magique et absolument fabuleux, d’une parfaite communion et d’une sublimation dans la courbe du temps qui passe.